C'est quoi le "vrai" cringe ?
Posté par kahia.wav le 24 novembre 2025
Cringe, ce mot à, tout comme woke ou SJW a été tellement altéré de son sens qu'il ne veut aujourd'hui plus vraiment désigner quelque chose. Pas autant que woke, je vous l'accorde, mais quand même. On en est à un point ou le moindre comportement différent de la "norme" imposée par des mecs cishet blancs vous inflige l'étiquette "Cringe". Quand on parle cringe, beaucoup de gens ont encore l'image par exemple d'un fan de Sonic, d'un gamin qui joue à Naruto dans un parc ou pire de personnes autistes faisant de leur mieux.
Arrêtons de nous voiler les yeux, cette morphose du terme à été opérée par les memes qui veulent nous exclure, nous éradiquer de la société. Consciemment ou inconsciemment, continuer à associer cringe au personnes vivant leur vies à leur façon est néfaste. "Tuez le policier dans votre tête", cette phrase récurrente que je vois de plus en plus s'applique aussi à cette situation. La phrase de base demande à arrêter de juger ou d'avoir une moindre réflection négative faces aux personnes qui se battent contre ce système. Non, vous n'avez pas à juger ce SDF dans la rue, non vous n'avez pas à juger cette mère de famille qui vole dans un magasin, remettez vos priorités en place. Mais bref, si j'évoque cette phrase, c'est que je veux l'étendre pour replacer la définition de cringe là où elle aurait toujours dû être.
Reposons les bases
Rappelons que de base, le terme sert à désigner un sentiment intérieur de gêne, d'embarras. Voir une personne stimer dans le tramway, ce n'est pas "gênant", vous pouvez tourner la tête et arrêter de fixer les inconnus dans la rue. Les furrys qui font des vidéos en fursuit, et bien si vous n'aimez pas, swipez et ignorez (vous savez le faire quand des vidéos qui parle des génocides passent, vous saurez ignorer une vidéo d'un•e furry). Le terme "cringe" tels que le voient certains aujourd'hui, j'en suis à être fière d'être vue comme cringe par des mecs fiers de ne pas savoir laver leurs slips. Je suis cringe, mais je suis libre et je ne suis pas méchante.
Le "vrai" cringe
Il y a un seul YouTuber dont j'apprécie la façon qu'il a de voir le cringe, StanleyMOV. Les vidéos qu'il qualifie de cringe, ce sont les vidéos "ferme à contenu", le slop youtube qui n'est que du contenu et pas des vidéos faites par passion. Ce sont les vidéos qui ce sont tellement forcé à plaire qu'elles en deviennent insupportable pour de plus en plus de monde. Ces vidéos qui ne semblent plus être humaines, mais juste une marque/idée qui se force dans votre crâne par spam incessant de contenu. Voilà ce que je qualifierait de "vrai cringe". Ce genre de contenu spammé produit en chaîne comme les slideshow IA minable, ça me met profondément dans un état de gêne.
L'autre vision de "cringe" que j'ai, c'est pour moi LinkedIn. Une branche simmilaire à cette "ferme à contenu", ce slop fade et sans âme, mais avec l'obsession de la productivité et de la vie morose au lieu de l'assault de couleurs de ces content farm youtube. Ce genre de posts corporate qui te hurle dessus "J'ai fait 9 000 € aujourd'hui, toi non, toi t'es nul, tu fous rien c'est ta faute". Chaque fois que je me rend sur ce réseau, c'est tel un poignard dans le cœur. Ce qui, je pense, est suffisant pour qu'on qualifie également ça de cringe.
Sauf que si je dis être fière d'être cringe, ce n'est pas pour être associée à ça, je pense qu'il va faut remettre la gêne et la honte là où elle doit être. Sur les capitalistes qui anéantissent notre humanité et nos vies pour leurs courses aux succès et aux profits. Remettons la honte là où elle aurait toujours du être, sur ces mecs cishet qui nous jettent sous le train parce qu'on ne rentre pas dans leur moule. Soyez vous-mêmes, et n'ayez pas honte, c'est à ces marchands de haine et de normativité de se murer dans le silence, pas à nous.
Be Yourself, Be Free
Il m'aura fallu un bon moment, pratiquement 29 ans quand même, pour enfin être en paix avec mes passions et mon côté "cringe" selon les mec cishet blancs chiants et plats. Bon, en vrai ça à été progressif, j'admettais les trucs petit à petit. Mais ce qui à été le, enfin les, déclics, c'était assez récent. Et c'est en partie par le fait de sortir plus dehors, de plus sociabiliser. Bref d'être un peu moins renfermée, et à craindre le jugement, surtout aussi à arrêter de constamment avoir l'avis des gens savoir si c'est une bonne idée.
Et très honnêtement, ce fut libérateur pour moi, disons que j'ose explorer des choses, j'ai repris confiance en moi et mon genre pour essayer des fringues. Je suis encore (à l'heure d'écrire ça) obligée de cacher encore une partie de moi (merci les parents /s), mais en privé, ou avec des ami.e.s safes, je peux enfin explorer et je me sens re-vivre. Et ça me fait réaliser à quel point être soi-même est crucial pour le cerveau. Sans "whimsy", sans cette étincelle, sans être "cringe" aux yeux du capitalisme, on finit par être juste une coquille vide, on finit vidé par l'énergie qu'on perds à juger autrui ou soi-même.